samedi 5 novembre 2011

La guerre est déclarée


Plus de deux mois après sa sortie, je suis enfin allée voir la Guerre est déclarée au ciné.
Bon, vous avez tellement du en entendre parler que ce n'est peut-être pas la peine 
d'en remettre une couche, mais pour faire vite :
Valérie Donzelli (Juliette) et Jérémie Elkaïm (Roméo) racontent dans ce film leur histoire
d'amour passée, lorsqu'ils formaient un couple fusionnel soudain confronté
à la maladie de leur fils.

Ne me demandez pas pourquoi je ne suis pas allée le voir avant, 
j'ai perdu mes (bonnes) habitudes cinématographiques lorsque j'ai quitté Aix.
Et puis avant-hier soir, on s'est dit qu'il était peut être temps de partir à la conquête des cinémas grenoblois.
Ce fut d'ailleurs une assez belle surprise en entrant dans Le Club, petit cinéma d'art et d'essai, qui Dieu merci 
diffusait encore La guerre est déclarée dans une toute petite salle avec un tout petit écran.
Je vous assure, je pense que je n'aurais jamais pu voir ce film dans de meilleures conditions,
ma sécrétion lacrymale a atteint des sommets...
Vous savez quand ça vous prend là, au milieu du buste, au niveau de la poitrine,
et que c'est si fort que vous ne pouvez rien empêcher.

Attention, ce film n'est pas un drame. Enfin si, l'objet du film est dramatique bien sûr
mais la force de Valérie Donzelli c'est justement d'avoir réussi à mêler comédie, aventure,
 romantisme et musique tout à la fois autour d'un sujet si difficile que la maladie d'un enfant à peine né. 
En fait, j'ai beaucoup pleuré mais jamais de tristesse profonde. 
C'était plutôt d'un trop plein d'émotion, du passage de la peur à la joie,
du rire aux larmes, des larmes au rire, de la familiarité à l'extranéité totale.
Enfin bref au niveau du ressenti (ce qui moi m'anime particulièrement au cinéma) j'ai été servie.

Les images sont magnifiques. Le film est rythmé, les plans sont beaux, les couleurs sont vives.
Les acteurs exaltent le naturel, même dans leur jeu qui pour moi n'est pas parfait, 
et c'est justement ce que j'ai aimé. C'était vrai.
Il y a une scène qui m'a particulièrement touchée, on l'aperçoit très rapidement dans la bande-annonce,
celle où Juliette se met à courir dans les couloirs de l'hôpital.


En fait, ce qui est intéressant c'est que ce n'est pas un film sur la maladie, donc exit le pathos,
c'est un film sur le couple vu à travers le prisme de la maladie, ou sur la maladie vue à travers le prisme du couple. J'sais pas encore trop.
Le couple vu au sens large d'ailleurs, parce que même si le couple amoureux n'existe plus
on se rend compte que le lien qui les unit est indestructible, même après leur rupture, et ce indépendamment 
de l'enfant qui les unit forcément. C'est autre chose, comme une force, une aventure, un combat dont ils ne sont pas sortis indemnes, mais à deux malgré tout.
Je trouve ça merveilleux.   

Bon, histoire de dire que ce n'est pas le film du siècle, j'y ajoute tout de même un petit bémol.
Moi petite provinciale pas parisienne pour un sous, j'ai quand même trouvé que ça faisait
un peu trop comédie romantique parisienne justement. Ça m'a un peu fait penser
aux films d'Honoré, genre de comédie musicale, et ça avec moi des fois ça passe et des fois ça casse...
Enfin de là à la comparer à Jacques Demy faut pas pousser le bouchon trop loin non plus..


10 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'ai découvert ton blog un peu par hasard et j'ai lu tout le contenu d'une traite. Très frais et honnête (notamment quand tu te poses ouvertement les questions du dévoilement de sa vie perso et de ses limites). J'étais intéressée car j'habite à Grenoble aussi, et c'est amusant de retrouver la "proximité" du lieu à travers tes photos.

    Oh, et j'ai travaillé au Club pendant 1 an et demie, à temps partiel, lorsque j'étais étudiante en lettres modernes. Il y a 3-4 ans. C'est, selon moi, le meilleur cinéma de la ville.

    Je n'ai pas aimé la Guerre est déclarée. Je ne comprends absolument pas le buzz qu'il y a eu autour. Peut-être que les gens ont besoin de voir "ça" en ce moment, que ça les rassure cette histoire d'amour ? J'ai trouvé cela très superficiel et agaçant. As tu vu le précédent de V. Donzelli, "La reine des pommes" ? Ou "Belleville Tokyo" (qu'elle n'a pas réalisé, mais où elle apparait aux côtés de J. Elkaïm). Les films d'Honoré sont d'un autre niveau quand même. A mon sens il y a un je ne sais quoi qui l'empêche de tomber dans les travers bobos parisiens insupportables. Je te conseille son dernier, "Les biens aimés" : très touchant et juste.

    Je voulais aussi réagir concernant la toute dernière photo qui illustre ton post sur Diane Arbus. Il me semble qu'elle n'est pas d'elle, mais d'un photographe sud-africain dont j'ai oublié le nom. Je te le préciserai quand je l'aurai retrouvé.

    J'aime beaucoup ton blog, même si parfois le contenu est encore un peu superficiel (quand tu parles de culture gé), mais c'est le début.
    Continues, en tout cas, c'est vraiment pas mal.

    Naïma.

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  2. Très heureuse de lire le commentaire précédent : il tranche sur ce qu'on a coutume de lire, voilà une vraie lectrice désireuse d'un vrai dialogue. J'espère qu'elle reviendra te voir. Quant au film, tu sais bien qu'on compte sur vous, nous, nous sommes largués !

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  3. Oui, d'ailleurs Naïma désolée je n'ai pas eu le temps de te répondre plus tôt.
    Tout d'abord, merci d'avoir pris la peine de faire un vrai commentaire, très pertinent et très encourageant.
    J'ai justement besoin de cela pour conduire ce blog, pour le rendre moins "superficiel" comme tu dis. J'aime aussi les commentaires qui me disent que mes pompes sont canons, mais j'avoue que ça ne m'aide pas à tenir un fil conducteur vraiment intéressant pour tout le monde... Enfin, de toute façon je n'aurais la prétention de satisfaire la majorité, donc tant pis pour ça.
    C'est pas évident de prendre de la distance sur ce que l'on écrit et de donner le "ton" comme à l'oral. Faire quelque chose de frais, oui, quelque chose de con-con j'espère que non.

    En ce qui concerne La guerre est déclarée, je crois malheureusement que oui, les gens ont besoin de cela. Mais moi ce qui m'a "rassurée" ce n'est pas leur histoire d'amour, puisqu'elle finit mal en quelque sorte, c'est le lien qui les unie au delà de ça, de croire qu'après l'amour il y a d'autres alternatives que la haine. Et j'ai trouvé ça très honnête et pas pathétique du tout (paroles d'une personne qui n'a jamais vécu la maladie au quotidien, donc bon...).
    Je n'ai vu aucun autre film de Donzelli, mais la Reine des Pommes et Belleville Tokyo sont sur ma liste.

    En ce qui concerne Honoré, je les ai presque tous vus et sincèrement s'il y en a bien un qui fait des films bobo parigo destinés à des bobo parigo c'est lui, selon moi bien sûr.
    Je suis navrée mais j'habite depuis très longtemps aux alentours de Marseille, et je peux te dire que je n'oserais montrer aucun de ses films aux trois quarts de mon entourage. Il ne fait pas des films accessibles pour tout le monde, il a un style très très particulier. Perso j'aime beaucoup, mais je ne retrouve dans aucun de ses films le Paris que j'ai adoré chez JP Jeunet dans Amélie Poulain par exemple...

    Pour Diane Arbus, j'espère ne pas m'être trompée, et si c'est le cas alors c'est mon esprit qui fait l'objet de confusions assez graves, parce que je suis persuadée d'avoir vu cette photo lors de mon passage à la Tate Modern. Peut-être était-ce dans une autre salle, et je l'ai associée à Diane Arbus ?

    En tout cas, merci encore, et REVIENS s'il te plait ! ;)

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  4. MathieuGreatMightyPoo6 novembre 2011 à 15:10

    Tes pompes sont trop canons !

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  5. mouahahaha I'm going to throw my shit at you !

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  6. Hello,

    Bon, moi c'est Louise, mais comme je suis pas très douée, je n'arrive pas à m'identifier comme vous. J'imagine que je serais affichée en tant qu'anonyme comme Naïma.

    Je me permets de venir commenter pour dire que je suis assez d'accord avec Naïma lorsqu'elle met en parallèle la guerre est déclarée et les bien-aimés. Les deux sont sortis en même temps, et ça m'a fait beaucoup de peine de voir un film aussi cinématographiquement supérieur subir un échec cuisant. Bien entendu, on ne peut pas forcer un public qui se retrouve face à une machine médiatique aussi bien rodée à ne pas aller voir le film locomotive du moment. Honoré, dont je n'aime pourtant pas toute la filmo, a réussi quelque chose dans son dernier film qui tient vraiment d'une magie gracieuse.

    Je pense pourtant qu'il ne faut pas dénigrer le film de Donzelli, qui est une oeuvrette somme toute assez plaisante, et où de vraies idées de mise en scène sont développées (avec par exemple l'entrechoquement montage/image/son). Le film de Maïwenn par exemple, ne peut même pas prétendre à une telle tentative ! Il est cependant vrai que le sujet et le traitement du sujet trouvent leurs limites dans l'exercice (film thérapeutique, avec distance critique peut-être un peu faible, complaisance dans l'observation de soi et concentration sur une relation à deux et non à trois).
    En bref, je trouve le buzz démesuré, mais je préfère tout de même qu'il se fasse pour un film de cette trempe, que pour Tintin.

    Dernier petit truc, je me vois forcée de préciser tout de même que Christophe Honoré est breton, et pas du tout parisien et que si ces films ont bien évidemment un côté boboïsant parigot agaçant, ils puisent aussi ailleurs (la Bretagne pour Non ma fille, Londres et les Etats-Unis pour les bien-aimés ou tout simplement la culture classique pour la belle personne). Si ces films ne sont en effet pas accessibles à tout le monde, il me semble que c'est plus à cause d'un choix esthétique que d'un ancrage géographique.

    Bon, je m'en vais, mais quand même, j'aime beaucoup ton blog et je trouve que le mal que tu te donnes pour varier les plaisirs est tout à fait appréciable. Et les récits de concert sont vraiment chouettes.

    Au fait, je t'ai déjà dit d'écouter Duellum ? Sinon, écoute, et on en parle !

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  7. Ce film a l'air dement il faut absolument que j'aille le voir, depuis le temps que je me le dis, pas encore eu l'occasion :s.
    Bisous,
    MaNAa

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  8. Promis Mathilde je te tiens au courant pour la photo car je fais la "maligne" mais si je me suis trompée j'aurai l'air bien bête.

    Louise : la musique m'a horripilée dans La Guerre. Vraiment too much : à la moindre occasion, hop, un petit morceau pour grossir le trait. Du coup cela m'avait interpellée : qui pouvait donc bien être derrière ce zapping musical frénétique et caricatural (et bien connoté "indé", à la louche en plus, aucune surprise). J'ai étudié attentivement le générique de fin et c'est bel et bien à Jérémie Elkaïm qu'on le doit. Il n'y a pas à dire, il s'est fait plaisir, mais c'est comme s'il avait eu du mal à faire le tri. Je suis complètement passée à côté ! Et encore je ne parle pas de la scène où il chante en duo avec Valérie Donzelli : R.I.D.I.C.U.L.E. Non ?
    Après on est tous d'accord sur le fait qu'il s'agit d'une belle histoire d'amour qui donne de l'espoir et peut forcer l'admiration ...

    Naïma.

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  9. DAMNED ! J'avais écrit un super long truc que j'allais conclure quand mon ordi a décidé de faire sa mise à jour ! Bref, je vais tenter de recommencer !

    @ Louise : nous en avons parlé, bien sûr Honoré est breton, et dans Non ma fille tu n'iras pas danser on le voit bien. Je n'ai pas vu les bien-aimés et promis dès que ce sera fait, je reverrai mon analyse.
    Ce n'était pas forcément une critique péjorative et je doute bien sûr que cela ait rapport avec "l'ancrage géographique" justement, mais pour moi au delà de l'esthétique, il y a une marque de fabrique bien parisienne, qui est parfois séduisante, mais tout de même souvent cliché.

    @ ManAa : Oui il faut aller le voir ;) mais ne manque pas d'aller voir Les bien-aimés hein ?! comme ça tout le monde est content.. ahaha

    @ Naïma : Pas de problème pour la photo, je pense de tte façon que tu as raison ! ;)
    Pour ce qui est de la musique, je suis totalement d'accord avec toi. On a enfin trouvé un point d'agrément ! ahaha J'ai failli éclater de rire pendant le duo Donzelli/Elkaïm.. d'ailleurs Yann mon copain ne s'est pas gêné. C'est mon gros point négatif pour le film.
    C'est aussi cela qui m'a fait penser à Honoré, même si sa mise en scène musicale est d'un autre niveau..
    Bref, je voulais aussi préciser que nous ne nous plaçons pas sur le même niveau quant à notre analyse du film je pense. Je suis totalement dans le ressenti, car totalement inexpérimentée en la matière... Je n'y connais absolument rien en technique,ça c'est le rôle de Yann dans notre couple ahaha
    alors voilà j'ai aimé parce que ça a provoqué des choses en moi. Et je suis contente que vous ayez apporté votre oeil avisé pour rendre la chose un peu plus solide et profonde, et faire le travail que je ne peux faire ! hihi
    Bisous a vous

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  10. Je ne rentrerais pas dans le débat Honoré, c'est personnel, toute tentative de sa part pour faire passer une émotion ou quoi que ce soit provoque chez moi un rire gras de beauf franchouillard, autant dire que je ne serais pas objectif.

    Quant au film, on est tous d'accord pour dire que c'est loin d'être un chef d'oeuvre, mais ça reste un bon petit film qu'on va voir le dimanche soir avec Tati Jeanne.
    Ensuite, il ne faut pas trop en demander, le film est tenu à bout de bras par l'histoire qui a été vécu par les deux protagonistes. Enlevez ça et aller voir un film de Valérie Donzelli pourrait s'avérer être une véritable torture. Je me suis demandé pendant toute la projection, si ce n'était tout simplement pas un film "d'amateurs" projeté au devant de la scène pour sa sincérité.
    Ce qui est vraiment intéressant finalement, c'est le regard porté sur la maladie, tout le monde à crier au génie, le plaisir de vivre blablabla... Ok c'est bien, très bien même, mais je me demande si ce regard n'est pas facilité par cette fin heureuse. Si la fin avait été tragique, quel film aurait-on vu ? Ok je suis un peu noir là.
    Après le film a des tonnes de défauts, une musique digne d'une série pour teenagers (je rejoins naima), cette scène musicale hilarante, et réussir à mal jouer des scènes que l'on a vécu (wtf?).

    Cela reste un film thérapeutique, un film qu'ils ont du aimé faire, et dont ils avaient besoin, je les comprends assez là dessus.

    Mais les émotions passent, quand même, et c'est là déjà une grande chose à mes yeux. (Puis la scène dans le couloir de l'hôpital est sympa)

    Et puis pour le "buzz", quel buzz est vraiment justifié ? Une vidéo de chat ? DSK ?
    On nous dit quoi voir, on y va.
    Le prochain sur la liste Polisse ou The artist ? Mouais je dois être aussi indifférent que Pépé Jean, impuissant, devant le cul poilu de sa nouvelle femme.

    Je vous embrasse fort fort fort.

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